Alors que l’année scolaire reprend timidement à travers le pays, des vidéos montrant des chefs de gang distribuant des kits scolaires, de l’argent et d’autres biens circulent massivement sur les réseaux sociaux. Ces scènes, filmées dans plusieurs quartiers populaires, montrent une réalité troublante : des criminels endossent désormais le rôle de bienfaiteurs, là où l’État semble absent.
Dans les images virales, on reconnaît notamment Jimmy Chérizier, alias Barbecue, figure de proue de la coalition Viv Ansanm, ou encore Lanmò San Jou, surnommé « Papa » par une population à bout de souffle, quémandant quelques billets pour survivre. Même Jeff Canaran, via sa sœur, aurait pris part à cette opération de distribution, remettant des kits scolaires à des enfants.





Cette mise en scène de générosité, en pleine période de misère et d’incertitude, suscite colère et indignation. Pour beaucoup, elle illustre la faillite d’un État incapable de soutenir ses citoyens, laissant les groupes armés se transformer en acteurs sociaux de substitution. Pendant que les gangs achètent les cœurs et les consciences, le gouvernement, lui, garde le silence : aucune mesure de subvention ni programme d’aide aux parents n’a été annoncé.
Dans les écoles comme dans les foyers, le sentiment est amer. Beaucoup d3 parents ne savent plus à quel saint se vouer, et la frontière entre l’autorité et l’illégalité se brouille un peu plus. En Haïti, même la rentrée scolaire devient désormais un théâtre de pouvoir.

