L’Institut National pour la Défense des Droits Économiques, Sociaux et Culturels (INDDESC) tire la sonnette d’alarme : selon sa dernière note de position datée ce vendredi 17 octobre, les conditions politiques, sécuritaires et morales du pays rendent impossible toute organisation d’élections crédibles et légitimes. L’organisation dénonce un processus électoral piloté par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) “sans garanties” et “sans légitimité morale”, estimant qu’une telle démarche risquerait de plonger Haïti dans une crise institutionnelle encore plus profonde.
L’INDDESC critique vivement la composition actuelle du Conseil Électoral Provisoire (CEP), qu’elle juge entachée d’irrégularités et d’interférences politiques. Le représentant du secteur des droits humains, censé garantir la rigueur éthique du processus, aurait été désigné “en dehors du cadre régulier de concertation”, fragilisant ainsi la crédibilité de l’institution. Pour l’organisation, ce vice de légitimité reproduit les mêmes erreurs du passé, rappelant les tragédies électorales de 1987, 2010 ou 2015, où les scrutins organisés dans la précipitation avaient conduit à la violence et à l’instabilité.
Télécharger le pdf⤵️
Dans un contexte où plus de 80 % de la région métropolitaine est sous le contrôle de groupes armés, l’INDDESC souligne l’impossibilité matérielle de garantir la sécurité du vote. Les déplacements massifs de population, la pauvreté extrême et la peur quotidienne ont démobilisé un peuple déjà épuisé par la crise. De plus, l’absence de consensus politique et le manque de dialogue entre les acteurs de la transition rendent le processus d’autant plus périlleux. Pour l’institution, le CPT a “dévié de sa mission initiale” et ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour conduire le pays vers des élections.
Face à cette situation, l’INDDESC exhorte les autorités à suspendre tout projet électoral précipité et à prioriser la sécurisation du territoire, la reconstruction d’un CEP indépendant et la convocation d’une conférence nationale inclusive. “Haïti n’a pas besoin d’élections hâtives, mais de justice, de sécurité et de consensus national”, conclut l’organisation. Elle avertit que forcer un scrutin dans le chaos reviendrait à “nier la valeur de la vie humaine et la dignité du citoyen haïtien.”


