Face à la montée continue de la violence et à l’effondrement des institutions, l’Institut National pour la Défense des Droits Économiques, Sociaux et Culturels (INDDESC) tire la sonnette d’alarme. Dans une note adressée au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et au Conseil Présidentiel de Transition ce mercredi 29 octobre, l’organisme dépeint un tableau inquiétant d’un État haïtien en décomposition, incapable d’assurer ses missions fondamentales : sécurité, justice, protection des droits humains et sauvegarde de la dignité nationale.
Les données recueillies par l’INDDESC, appuyées par le RNDDH, l’OIM et les Nations Unies, traduisent une crise humanitaire sans précédent. Entre janvier 2024 et septembre 2025, plus de 3 000 personnes ont été tuées, 1 500 enlevées, et 80 % de la capitale serait désormais sous contrôle de groupes armés. Martissant, Croix-des-Bouquets, Pernier, Carrefour-Feuilles, Solino, Gressier, Thomazeau et Cité Soleil échappent complètement à l’autorité publique. Les forces de sécurité, démotivées et sous-équipées, peinent à agir, tandis que les tribunaux sont paralysés par la peur et les menaces.
Cette situation, selon l’INDDESC, révèle un effacement de l’État au profit d’un ordre illégal dicté par la force. Les violations des droits humains se multiplient : exécutions sommaires, déplacements forcés, conditions de détention inhumaines, effondrement des services publics essentiels. L’organisation rappelle que la République, en vertu de la Constitution de 1987 et des traités internationaux ratifiés, a l’obligation de garantir la vie, la sécurité et la dignité de ses citoyens. Le manquement à ces engagements expose Haïti à une responsabilité internationale pour non-respect de ses devoirs fondamentaux.
L’INDDESC critique également la gestion du pouvoir de transition, estimant que le Conseil Présidentiel et le gouvernement n’ont pas rempli les missions pour lesquelles ils ont été investis : rétablir la sécurité, restaurer les institutions et organiser des élections crédibles. L’institution fustige en outre le scandale du référendum constitutionnel avorté, jugé illégal et financièrement désastreux. Pour Me Frédo Jean Charles, président de l’INDDESC, cet épisode illustre “l’improvisation, le gaspillage et le manque de responsabilité publique” qui caractérisent la gouvernance actuelle.
En conclusion, l’INDDESC appelle à un sursaut national. L’organisme exhorte les autorités à reconnaître la gravité de la crise et à élaborer d’urgence un plan national de sécurité, un programme d’aide humanitaire pour les déplacés et une feuille de route électorale claire, en concertation avec la société civile. À l’approche du 7 février 2026, l’heure est, selon l’institution, à la refondation politique et morale du pays pour restaurer la légitimité, la justice et la souveraineté d’Haïti.

