Le 4 octobre 2016, l’ouragan Matthew, de catégorie 4, frappait de plein fouet le Grand Sud d’Haïti. Avec des vents dépassant les 230 km/h et des pluies torrentielles, il avait ravagé les départements du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes, laissant derrière lui un paysage de désolation. Environ 500 personnes avaient perdu la vie, des milliers de maisons avaient été détruites, et l’agriculture, pilier économique de la région, avait été anéantie. Neuf ans plus tard, le souvenir reste vif et les séquelles se font encore sentir dans la vie quotidienne des habitants.

Aujourd’hui encore, les populations de ces départements vivent dans des conditions de grande vulnérabilité. Les routes, déjà fragiles avant Matthew, n’ont jamais été pleinement réhabilitées, rendant difficile l’accès aux marchés, aux soins et aux écoles. Les paysans peinent à écouler leurs produits à Port-au-Prince, ce qui plonge de nombreuses familles dans une précarité persistante. Les infrastructures publiques, qu’il s’agisse des hôpitaux ou des établissements scolaires, restent insuffisantes et mal adaptées aux besoins d’une population qui subit de plein fouet les effets combinés de la pauvreté et du dérèglement climatique.
Malgré les promesses répétées de reconstruction, l’État est largement absent de ces territoires. Les habitants se sentent abandonnés, livrés à eux-mêmes face aux catastrophes récurrentes. À chaque saison cyclonique, la peur renaît : une simple pluie peut emporter des toitures ou inonder des maisons fragiles, faute d’abris résistants et de protections adaptées. Le Grand Sud, encore meurtri, demeure exposé et insuffisamment préparé pour affronter de nouveaux chocs climatiques.
Pourtant, au milieu de ces difficultés, la résilience de la population reste impressionnante. Les communautés locales s’organisent, réparent leurs maisons comme elles peuvent, et s’entraident pour surmonter les épreuves. Des initiatives locales de solidarité, parfois appuyées par des organisations non gouvernementales, permettent de redonner espoir et de poser les bases d’une reconstruction lente mais déterminée. Cette résilience est le symbole d’un peuple qui refuse de céder malgré l’adversité.
En ce mois d’octobre 2025, qui marque le neuvième anniversaire du passage de Matthew, un appel retentit : celui de protéger et de soutenir les habitants du Grand Sud. Les autorités nationales, la société civile et les partenaires internationaux doivent s’unir pour renforcer les infrastructures, développer l’agriculture, améliorer les routes et garantir des conditions de vie dignes. L’histoire de Matthew ne doit pas rester celle d’un désastre oublié, mais devenir un point de départ pour une reconstruction durable. Car neuf ans après, le Grand Sud ne réclame pas seulement de l’aide : il réclame justice, dignité et avenir.

