L’ancien missionnaire américain Jeriah Mast, 44 ans, originaire de Millersburg (Ohio), fait l’objet d’une nouvelle mise en accusation fédérale pour avoir commis des abus sexuels sur au moins quatre mineurs haïtiens. Ces faits, reprochés sur une période allant de 2002 à 2019, ravivent les interrogations sur la supervision des missions religieuses opérant à l’étranger.
Selon l’acte d’accusation, Mast aurait effectué plus de 30 voyages entre les États-Unis et Haïti, principalement dans le cadre de ses activités pour Christian Aid Ministries (CAM), une organisation missionnaire liée aux communautés amish et mennonites conservatrices. Chaque chef d’accusation correspond à une victime différente, pour des abus présumés en 2004, 2007 et deux fois en 2011. Parmi elles figure notamment un garçon de 13 ans rencontré lors de ses activités religieuses. Plus alarmant encore, les autorités indiquent que Mast aurait admis avoir abusé d’environ 30 enfants en Haïti, majoritairement des garçons, ainsi que d’autres victimes dans l’Ohio.
Ce dossier n’est pas inédit devant la justice : en 2019, Mast avait été condamné à neuf ans de prison dans le comté de Holmes (Ohio) après avoir plaidé coupable d’abus sur deux mineurs. En octobre 2025, il avait bénéficié d’une libération anticipée après moins de six ans derrière les barreaux et avait été placé sous probation. C’est dans ce contexte qu’il a de nouveau été interpellé le 5 novembre dernier, peu avant l’annonce publique de la nouvelle procédure fédérale. Il doit désormais comparaître devant un tribunal fédéral à Cleveland.
L’affaire met une fois de plus en cause Christian Aid Ministries et, plus largement, certaines organisations missionnaires conservatrices. Lors de la première condamnation de Mast, des documents internes avaient révélé que des dirigeants de CAM avaient été informés dès 2013 de ses « activités sexuelles » avec des mineurs, sans qu’aucune mesure disciplinaire ne soit alors prise. Par ailleurs, des survivants d’abus dénoncent régulièrement au sein de ces communautés une pression poussant à « pardonner » et à éviter de recourir à la justice civile.
Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle mise en accusation fédérale constitue un tournant et envoie un signal clair : les auteurs d’abus sur enfants seront poursuivis « où qu’ils agissent », y compris hors du territoire américain. En cas de culpabilité, Mast pourrait encourir des peines de prison bien plus lourdes que lors de sa précédente condamnation. Ce procès pourrait également encourager d’autres victimes à se manifester et forcer les organisations missionnaires à renforcer la protection des enfants, en particulier dans des pays vulnérables comme Haïti.
Cette affaire rappelle la nécessité d’une vigilance constante face à la gravité des crimes sexuels commis contre des mineurs, et souligne la responsabilité cruciale des institutions religieuses dans la protection des plus fragiles.
