Le drame de Stephora Anne-Mircie Joseph, 11 ans, dont le corps a été retrouvé noyé le 14 novembre 2025 lors d’une excursion scolaire, connaît un tournant déterminant. Sous la pression d’organisations civiles, de parents d’élèves et de la communauté haïtienne, quatre membres du personnel de l’Institut Leonardo Da Vinci ont été arrêtés par le ministère public de Santiago. Ils sont accusés d’homicide involontaire, alors que l’établissement avait d’abord présenté l’incident comme un simple accident.
Les autorités judiciaires s’appuient sur le certificat médical préliminaire confirmant une « asphyxie mécanique par noyade » et sur de sérieux manquements sécuritaires. Selon l’enquête, seulement trois adultes encadraient près de 87 élèves lors de cette sortie à la Hacienda Los Caballos, une situation décrite comme « extrêmement insuffisante », notamment pour une activité comportant des risques aquatiques. Cette négligence aurait transformé une journée récréative en tragédie pour la jeune écolière.
Le silence prolongé de l’établissement a déclenché une vague d’indignation. Ce n’est qu’après trois semaines de mobilisation que la direction a accepté de communiquer avec les parents. Plusieurs organisations, dont le Foro Feminista Magaly Pineda, ont publiquement dénoncé un manque de transparence et évoqué d’éventuels actes discriminatoires, rappelant que Stephora, d’origine haïtienne, aurait été victime d’intimidations à l’école. La militante et chanteuse Sarodj Bertin a, elle aussi, contribué à amplifier la pression sur les réseaux sociaux.
Face à l’ampleur des protestations, la procureure générale Yeni Berenice Reynoso a confié le dossier aux services spécialisés de la protection des mineurs. Des vidéos et des témoignages recueillis ont été remis à la famille. Le maire de Santiago, Ulises Rodríguez, a exigé une communication « claire et transparente » de la vérité, plaidant pour que toute négligence soit sanctionnée.
Au-delà de l’émotion suscitée, l’affaire remet au premier plan la précarité et la vulnérabilité des enfants haïtiens en République dominicaine, régulièrement confrontés à la discrimination. Elle relance également le débat sur les normes de sécurité que doivent impérativement respecter les centres éducatifs, notamment lors d’activités extrascolaires impliquant des mineurs.
Ces arrestations constituent une première avancée dans la quête de justice. L’enquête se poursuit et l’issue judiciaire reste encore à déterminer. Mais pour la famille de Stephora, la communauté haïtienne et de nombreux défenseurs des droits humains, un objectif demeure : que la mémoire de cette fillette de 11 ans devienne un point de rupture, afin que plus jamais un enfant ne perde la vie dans l’indifférence et l’impunité.
