Ce vendredi 13 juin 2025, l’ambassadeur Henry T. Wooster a foulé le sol haïtien à bord d’un avion militaire, marquant son entrée en fonction en tant que nouveau chargé d’affaires des États-Unis à l’ambassade de Port-au-Prince. Annoncée le 30 mai dernier par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, cette nomination intervient à un moment critique pour Haïti, un pays en proie à une instabilité chronique marquée par la violence des gangs, une crise humanitaire aiguë et des défis politiques persistants.
Une mission centrée sur la stabilité
Henry Wooster, diplomate chevronné avec plus de trois décennies d’expérience au sein du Service extérieur américain, a été chargé de piloter une « approche pangouvernementale » de la politique des États-Unis envers Haïti. Selon un communiqué de l’ambassade américaine, sa priorité absolue sera le « rétablissement de la stabilité » dans un pays où les gangs contrôlent environ 85 % de la capitale, Port-au-Prince, et où plus de la moitié de la population risque de souffrir de famine d’ici juin 2025.
Wooster, qui a déjà servi à l’ambassade de Port-au-Prince par le passé, apporte avec lui un bagage impressionnant. Ancien ambassadeur en Jordanie de 2020 à 2023 sous les administrations Trump et Biden, il a également occupé des postes en France, en Irak, au Pakistan et en Géorgie. Sa formation militaire dans l’armée américaine et ses diplômes de l’Amherst College et de l’Université de Yale renforcent son profil pour relever les défis complexes qui l’attendent.
Un contexte de crise multidimensionnelle
L’arrivée de Wooster intervient dans un contexte particulièrement tendu. Haïti traverse une crise humanitaire sans précédent, aggravée par la désignation récente par les États-Unis de la coalition de gangs « Viv Ansanm » et du gang Gran Grif comme organisations terroristes étrangères. Cette mesure, bien que visant à freiner la criminalité, suscite des inquiétudes quant à son impact sur l’aide humanitaire, alors que 8 400 personnes vivant dans des abris de fortune risquent la famine.
De plus, les récentes politiques migratoires de l’administration Trump, notamment le décret du 3 juin interdisant l’entrée aux États-Unis des ressortissants de 12 pays, dont Haïti, compliquent la situation. Ce « travel ban » a déjà eu des conséquences dramatiques, empêchant des enfants haïtiens gravement malades de recevoir des soins médicaux urgents aux États-Unis.
Une diplomatie sous haute pression
Le rôle de Wooster sera de coordonner les efforts internationaux pour soutenir les forces de sécurité haïtiennes, en collaboration avec des partenaires comme le Kenya, qui a récemment accueilli l’ancien Premier ministre haïtien Ariel Henry avant la fermeture temporaire de l’aéroport international de Port-au-Prince par les gangs. Cette mission s’inscrit dans une volonté de renforcer la sécurité tout en abordant les causes profondes de l’instabilité, notamment la pauvreté endémique et l’absence d’un gouvernement stable.
L’ambassadeur remplace Dennis Hankins, dont le départ à la retraite a été salué par le secrétaire Rubio pour son leadership. Wooster, décrit comme un diplomate capable d’unir les gens et de trouver des solutions créatives, devra naviguer dans un paysage diplomatique complexe, où les États-Unis cherchent à maintenir leur influence tout en répondant aux critiques sur leurs politiques migratoires et leur gestion de la crise haïtienne.
Perspectives et défis
L’arrivée de Henry Wooster est perçue comme un signal fort de l’engagement américain envers Haïti, mais les défis sont immenses. Les observateurs, comme Romain Le Cour de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, doutent de l’efficacité des désignations de gangs comme organisations terroristes pour résoudre la crise. Par ailleurs, la communauté haïtienne et internationale attend de voir comment Wooster conciliera les priorités sécuritaires avec les besoins humanitaires urgents.
Alors que l’ambassadeur Wooster entame sa mission, les regards sont tournés vers Port-au-Prince. Sa capacité à mobiliser des ressources internationales et à travailler avec le peuple haïtien sera déterminante pour redonner espoir à un pays au bord du précipice.
Arrivée du chargé d’affaires des États-Unis Henry Wooster en Haïti : Un signal fort pour la stabilité
