La crise politique malgache franchit un seuil critique. Samedi 11 octobre, un contingent militaire basé près d’Antananarivo a diffusé une vidéo appelant ouvertement à la désobéissance. Dans ce message, les soldats exhortent leurs camarades et les forces de sécurité à « unir leurs forces » et à « refuser les ordres de tirer sur le peuple ».
Cet appel, lancé depuis une importante base située à proximité de la capitale, intervient alors que plusieurs milliers de personnes manifestaient à Antananarivo contre le régime du président Andry Rajoelina. Les protestations, qui secouent le pays depuis le 25 septembre, se sont intensifiées ces derniers jours, malgré la répression.
Sur le terrain, la tension est palpable. Des véhicules remplis de militaires armés ont été aperçus rejoignant les manifestants près du lac Anosy, au sud de la capitale. La foule, galvanisée, a acclamé ces soldats, criant « Merci » et agitant le drapeau malgache. Le départ des forces de police a ensuite permis aux protestataires de se rassembler sur la place du 13-Mai, haut lieu des mobilisations politiques à Madagascar.
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Sur place, le colonel Michael Randrianirina, membre du Capsat (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), a confirmé à l’Agence France-Presse que son unité avait pris position contre le pouvoir. Il a accusé la police d’avoir ouvert le feu sur ses hommes, blessant un journaliste et tuant un soldat.
« Le journaliste a été touché à la fesse, tandis que le soldat est décédé. À tous ceux qui ont envoyé les gendarmes ici, à commencer par le chef de la gendarmerie, le Premier ministre, le président… Ils doivent quitter le pouvoir », a-t-il déclaré.
Cet épisode dramatique souligne la fracture grandissante au sein de l’appareil sécuritaire malgache. Alors que la contestation populaire gagne du terrain, la loyauté des forces armées semble vaciller, plaçant le régime Rajoelina face à l’une de ses plus graves menaces depuis son retour au pouvoir.
Les appels à la désobéissance militaire, s’ils se multiplient, pourraient précipiter un basculement historique dans ce pays déjà ébranlé par des crises politiques à répétition. Pour l’heure, le silence du pouvoir ne fait qu’amplifier le bruit de la rue.

