Dans les quartiers de Fontamara et de Carrefour, où la marginalisation façonne depuis longtemps le quotidien, un jeune leader s’est imposé par son engagement constant : Pierre Rubens Emmanuel Moreau. Ce 23 novembre, encore dans sa vingtaine, il célèbre à la fois son anniversaire et ses dix ans d’implication citoyenne auprès des jeunes et des familles de ces zones trop souvent négligées par les politiques publiques. Pour beaucoup, il représente aujourd’hui l’une des voix les plus prometteuses de la génération Z en matière de changement social.
Son parcours prend racine au Collège Barolette, où il occupe très tôt des postes de responsabilité, notamment celui de président en Philo. Même après la fin de ses études, lorsqu’il plaisante en disant qu’on ne l’appellerait probablement plus « Prezidan », son sens du devoir ne faiblit pas. Il rassemble alors plusieurs jeunes de son église autour d’une idée audacieuse pour l’époque : introduire des discussions sociales, culturelles, politiques et économiques dans un espace jusque-là presque exclusivement consacré au spirituel. De cette initiative naîtra la CCEJ, organisation qu’il dirigera naturellement.
Les années suivantes sont marquées par la création d’un centre de formation professionnelle, le lancement de programmes éducatifs et la responsabilisation de dizaines de jeunes. Mais le chemin est loin d’être linéaire. Le jour même de sa graduation en Communication, il découvre que la porte du centre de formation qu’il avait mis sur pied avec des partenaires est fermée, cadenas remplacés. « Yo mete m deyò », raconte-t-il aujourd’hui avec un sourire qui témoigne du recul acquis. Cet épisode aurait pu freiner ses ambitions ; il deviendra au contraire le point de départ d’une nouvelle étape.
En 2021, il fonde Antreprenarya San Dola (ASD), un programme qui va rapidement amplifier son impact. En moins d’un an, les résultats dépassent toutes ses réalisations précédentes. Quatre ans plus tard, plus de huit cohortes ont été formées, une communauté de plus de 300 jeunes a été constituée et près de 90 projets entrepreneuriaux ont été accompagnés. ASD devient une véritable plateforme de transformation, portée par une vision ambitieuse : ouvrir plusieurs centres en province afin de toucher encore plus de jeunes à travers le pays. Une performance remarquable pour un leader qui n’a pas encore atteint la trentaine.
Parallèlement à ses initiatives communautaires, ses études en Santé publique le mettent sur la route du Dr Butler, un responsable universitaire qui reconnaît rapidement son potentiel. Grâce à cette connexion, il obtient d’abord un stage au sein d’une ONG américaine, puis une promotion. Il est aujourd’hui coordonnateur de l’équipe de santé préventive et humanitaire de Haiti Share, tout en dirigeant le département jeunesse, axé sur le leadership et le développement personnel.
À l’occasion de ce double anniversaire, personnel et professionnel, Pierre Rubens espère que son parcours encouragera d’autres jeunes à croire en leur capacité d’agir. Discipline, vision et persévérance constituent, selon lui, les piliers essentiels pour transformer son environnement, même lorsque tout semble jouer contre soi. À Fontamara comme à Carrefour, son action démontre qu’une jeunesse déterminée peut réellement faire bouger les lignes et contribuer concrètement à changer le pays.
